La lettre de celles et ceux qui luttent pour faire leur place !

Je crois que je n’aime rien de plus passionnément dans mon métier que de rencontrer des gens, plein de gens, de partout, de tous les âges, de leur poser plein de questions et de transmettre leurs histoires. A chaque rencontre, je me dis : “Je veux que le monde entier sache qui est cette personne !”C’est la partie la plus passionnante et la plus revigorante parce qu’elle m’amène dans des chemins de vie particuliers, qu’elle me fait découvrir des gens que jamais peut-être je n’aurais croisés. Quand on sait la défiance collective à l’égard des journalistes, on mesure chaque jour la responsabilité certes, mais aussi ce bien précieux d’avoir la confiance des autres pour les raconter.

Vous avez peut-être écouté ces deux dernières années l'une de mes émissions diffusées l'été sur France Inter Parcours de combattants. Pendant près d'une heure, dans un des magnifiques studios de la Maison de la radio, j'ouvre mon micro à des femmes et des hommes qui ont dû se battre pour faire leur place en France : se battre pour étudier, pour travailler, pour se loger, pour tout. Toutes et tous partent de loin, de très loin même : socialement, économiquement, géographiquement parlant. Je voulais à tout prix entendre ces gens parler de leurs histoires, avec les mots qui sont les leurs, leur langue, leurs émotions, leurs silences aussi. Pas juste quelques secondes ou quelques minutes mais dans la longueur car beaucoup trop souvent, d'autres parlent à leur place. Chacun de ces entretiens m'a bouleversée (il paraît que ça s'entend ;-). Cette émission compte énormément pour moi. Elle est un des prolongements les plus aboutis de mon engagement journalistique depuis dix ans. 

La force du témoignage réside dans les mots qui résonnent en chacun d'entre nous

Les nombreux retours positifs avec ces deux saisons de Parcours de Combattants ont fini de me convaincre que ces histoires avaient mille fois leur place dans le récit médiatique. Pas uniquement en illustration d'un calendrier politique, pas seulement l'été, pas non plus juste pour alimenter les bruits des polémiques. Mais en tant que telles. J'ai été aussi frappée que quelque soit les profils de mes invité.e.s, l'identification est presque toujours universelle. En clair : on peut venir de n'importe où en France et être touché par les histoires de celles et ceux venant d'Haïti, d'Afghanistan, du Portugal et d'ailleurs, de Moselle, du Nord ou de Sologne. La force du témoignage réside bien dans les mots qui résonnent en chacun d'entre nous parce qu'ils évoquent une partie de nous-mêmes ou parce que d’un coup, ils jaillissent en nous et qu’ils nous interrogent sur quelque chose qui nous avait effleuré l’esprit sans qu’on l’ait totalement verbalisé. Combien de fois, en écoutant mes invité.e.s, je me suis dit : “C’est fou, nous ne nous connaissons pas mais nous avons tant en commun !”. 

Et quand je dis, raconter des histoires, je ne parle pas d’histoires exceptionnelles, incroyables, extraordinaires. Je parle de celles du quotidien, celles terriblement banales pour beaucoup d’entre nous et qui nous font appartenir à un destin commun. C’est peut-être pour ça que les histoires avec des “mesdames et messieurs tout le monde” m’ont toujours plus intéressée que les entretiens avec des personnalités. Et parce que les questions de représentations médiatiques sont importantes à mes yeux, j’estime que toutes les histoires, tous les parcours dans leur diversité, méritent d'exister en tant que tels. 

Continuer à faire exister ces histoires par la newsletter

Alors comment continuer à les faire exister ces histoires ? Depuis deux ans, cette question est devenue une obsession. J'ai dix mille idées encore mais curieusement, je tourne en rond. Comment prolonger ce travail ? Où publier ? Avec quel format ? Voilà qu’il y a quelques mois, je commence à m'intéresser de plus près aux newsletters. Déjà abonnée à certaines d'entre elles, l'outil me fascine mais je me demande : est-il adapté aux histoires que je souhaite raconter ? Je lis les articles des journalistes médias à ce sujet. J'envisage de m'inscrire à une formation puis je fais marche arrière. Je réfléchis à publier sur Substack au moment où des voix s'élèvent contre. Et puis, un jour de novembre 2022, Mathieu Molard, rédacteur en chef à Streetpress, parle de Kessel sur Twitter. Je ne connais pas. Je jette un œil. Le concept me plait. Je passe toute une soirée à m'informer sur la plateforme. J'envoie un message à Julien Chavanes, directeur éditorial de Kessel, pour lui proposer un café. Nous nous suivons sur Twitter mais nous ne nous sommes jamais rencontrés. J'ai mille questions, autant les poser directement à la source (déformation professionnelle !). Il me convainc. Cela a pris du temps mais me voilà lancée.

Cette lettre sera un mélange d'espérance et de colère, de rage et de résistance. Comme le monde qui nous entoure

Tous les quinze jours, je vous raconterai les histoires de ces combattant.e.s : des femmes, des hommes, travailleurs pauvres, anciens ou actuels, des immigré.e.s, des mal-logé..es, des étudiant.e.s précaires… Je documenterai leurs parcours, leurs luttes pour exister, leurs sacrifices, les coûts physiques, psychologiques, financiers, l'entraide, la solidarité, la débrouille, le système D, la vie quoi ! Cette lettre sera un mélange d'espérance et de colère, de rage et de résistance. Comme le monde qui nous entoure. 

Ainsi, pour éclairer ces sujets, vous recevrez, toutes les deux semaines, dans votre boite mail :

- le portrait à l'écrit et en une image d'un.e "combattant.e"

- sa lettre à l'enfant qu'il ou elle était... 

- un chiffre décortiqué et un zoom sur une étude éclairant le portrait

Mais aussi une info-service et un billet sur un sujet d’actualité !

Chaque newsletter sera thématisée autour du profil des combattant.e.s à l'honneur. A chaque fois, je vous livrerai les coulisses de mon travail et vous expliquerai mes choix : pourquoi vous parler de telle personne ? Comment la rencontre s'est faite ? Dès que possible aussi, je vous donnerai des nouvelles des combattant.e.s dont vous aurez lu l’histoire ici.

J'ai toujours pratiqué l'usage d'internet comme un outil collaboratif. N’hésitez pas à m’écrire pour me conseiller telle ou telle personne de vos entourages dont je pourrais raconter le parcours. J'aimerais aussi que chacun.e d'entre nous se nourrisse des autres : adressez-moi vos recettes de cuisine, vos conseils de lecture, vos recommandations de films, de série, de documentaires et glissez également quelques mots d'accompagnement. Je les intégrerai avec plaisir dans la newsletter !

Une newsletter payante tous les 15 jours

Pourquoi tous les quinze jours ? Parce que c'est la fréquence la plus tenable au vu de mes autres engagements professionnels et la plus réaliste pour publier des contenus de qualité. 

Et pourquoi pas ne pas également profiter de cet espace nouvellement créé pour vous proposer des enquêtes au long cours ? Cela sera possible uniquement si votre soutien le permet.

Cette newsletter sera payante. Oui, tout travail mérite salaire. Le temps qu'elle me prendra, son contenu, mes exigences de sérieux, mes déplacements, tout cela a évidemment un coût. J'ai fixé le montant de l'accès à la newsletter à 4 euros par mois minimum. J'ai réfléchi longtemps avant de l'arrêter. Quel tarif pour un équilibre entre un accès au plus grand nombre et une appréciation du travail sans le dévaloriser ? Ce montant de 4 euros mensuels est un minimum. Pour donner encore plus de force à mon travail, et pourquoi pas vous proposer des enquêtes, vous pouvez également opter pour un abonnement annuel voire un abonnement premium avec le montant de votre choix. En remerciement de ce soutien précieux, je vous proposerai des rencontres, physiques ou virtuelles pour discuter de la newsletter, de mes livres, de mes émissions, de mes projets etc 

Je ne vous cache pas que je suis très excitée à l'idée de vous raconter toutes ces histoires, impatiente de vous informer comme celle de tenter de vous émouvoir. J'espère que cette newsletter vous éclairera un peu plus sur celles et ceux qui nous entourent, j'espère qu'elle vous fera réfléchir, vous bousculera, vous fera du bien aussi. J'espère que vous me suivrez en nombre pour cette aventure.

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Je vous donne rendez-vous lundi 20 février 2023 pour le premier numéro de "Combattant.e.s" !

Retrouvez l’actualité de la lettre sur Twitter @Combattant_e_s et sur Instagram @combattant.e.s

A bientôt !

Nassira El Moaddem

Un grand merci à Maud Drouin pour le travail graphique et à Julien Chavanes pour l’accompagnement.